De l’inconfort

Partout fleurissent des chaussures, dont la platitude flirte dangereusement avec le confort absolu. Partout se révèle les sportives du dimanche qui sommeillaient en elles, dont les baskets rivalisent d’audace et d’élégance. Partout, pourtant ce n’était pas gagné, les running étaient trop « genrées », et il y a quelques temps encore, on se dépêchait de s’en débarrasser, après notre séance de sport, cachées au fin fond dans un sac informe, qui accumulent les délits du confort, le dénie de la mode. 

Mais ça, c’était avant (comme dirait l’autre). Avant que Phoebe Philo ne clôture son défilé habillée classe mais dont la tenue se terminait par une paire de Stan Smith, avant que les fashionistas se fassent street stylées avec une paire d’Air Max  aux pieds. On n’a plus peur de descendre de ses stilettos, et d’être à l’aise. Et surtout on n’a compris, que non, la basket n’est pas obligée d’être le synonyme d’un confort négligé, que la classe réside dans une attitude, dans un effet de style. Et voilà qu’on rivalise de recherches, d’ingéniosités, de farfouillages sur le net pour trouver la dernière collaboration tendance en matière de baskets pour être branchée. Et rares sont les fashionistas à être effrayées à l’idée d’investir dans une paire de Air Max à trois chiffres, qu’elles ne qualifiaient même pas de chaussures portables il y a quelques mois. 

On a accepté de ne plus souffrir (oui oui), et on n’avait presque pas idée que ça pouvait se révéler aussi simple.

Moi-même ai-je cédé à l’appel des baskets. Certes compensées, et certes, elles finissent bien par me faire mal aux pieds en fin de journée (le comble pour des baskets, ou devrais-je dire « baskets »), mais quand même. Pas besoin d’être haut perchée pour rester féminine, même si dans l’imaginaire masculin l’idée a sûrement plus de mal à s’installer. Si je m’étais dit il y a cinq ans, même pas, deux ans, que je porterais les chaussures que j’ai à mes pieds aujourd’hui, je n’y aurais pas cru. Trop plates, trop « homme », pas assez girly. Pourtant, ai-je l’air d’un homme ? Je prends le parti de répondre que non. Ai-je renoncé à ma féminité ? Ai-je perdu ce qui fait de moi une femme ? Non plus. 

Cela pourrait paraître absurde comme raisonnement à certaines, mais force est de croire que ce qui est une évidence pour nous aujourd’hui, ne l’était pas il y a encore quelques années ou mois.Et ce n'est pas l’arrivée en force des Birkenstock ou autre claquette de piscine qui fleurissent sur tous les blogs qui contredira cette thèse. 

Je porte une chemise oversize Mango, des derbies Kling, une jupe rachetée a Audressing, et des lunettes Saint Laurent.